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mardi, 18 août 2009

"le G20 a manqué sa cible"

André Orléan : "le G20 a manqué sa cible"
La Tribune.fr - 18/08/2009

Chaque jour, cet été, nous interrogeons un grand témoin de l'actualité sur sa vision de l'après-crise.

Aujourd'hui, pour  André Orléan, un monde nouveau suppose une remise en cause radicale de la finance de marché, l'abandon de la recherche du rendement maximal et des sociétés moins inégalitaires.


 Mon commentaire :

 Je partage complètement les avis de ceux qui saluent la pertinence de l'analyse et partagent les doutes d'André Orléan sur la médication prônée par le G.20.
 Je ne le suis pas complètement par contre sur l'idée d'un retour au cloisonnement des acteurs de la finance.

. L'auteur préconise, comme plusieurs économistes, un retour notamment au Glass Steagall act(loi qui a séparé banques commerciales des banques d'investissement aux USA en 1933) J e n'y crois pas pour deux raison : 1- depuis 15 ans les banques commerciales classiques -même les mutualistes- ont énormément développé les activités de marché et 2- depuis la crise presque toutes les banques d'investissement sont passées sous le contrôle des banques commerciales. Le ver est donc bien dans le fruit !!•
Ce qui amplifie formidablement la spéculation et la course au rendement des fonds propres est le recours au compte propre par les intermédiaires financiers bancaires ou non bancaires. Ce qu'il faudrait proposer c'est que le G.20 prenne une position de principe pour limiter progressivement le poids du compte propre dans le chiffre d'affaires et les risques pris par ces professionnels, surtout quand ils sont soumis à une réglementation prudentielle. Utile pour équilibrer les marchés entre acheteurs et vendeurs de risques de crédit, de taux, de change, le compte propre est devenu totalement déconnecté du réel et a permis et permet toujours en pleine crise d'extérioriser des résultats (et des bonus !) mirifiques par le département BFI (banques de financement et d'investissement) des banques , sauf en cas de crise des marchés bien entendu... mais là, les Etats sont là pour les renflouer ...

 • Il faudrait aussi que le G.20 préconise la limitation du volume de ce qui peut être titrisé (crédits rendus négociables) : en la matière il s'agirait de ne permettre la titrisation que des dernières années d'un crédit (3 à 5ans) pour responsabiliser fortement le prêteur (les 5% des crédits devant être conservés envisagés par les régulateurs sont une douce plaisanterie) et ne mettre ainsi sur le marché que des produits à des horizons gérables par les marchés (3 à 5 ans par exemple). C'est bien le rôle en effet des professionnels du risque que d'apporter leur puissance financière et leur expertise pour allouer au mieux les financements, pour gérer les risques de défaillance des emprunteurs, le risque de taux et/ou de change, pour lesquels les agents non financiers sont généralement démunis. Ce n'est plus le leur que d'introduire sciemment des risques additionnels qui devront être socialisés s'ils tournent mal ...sauf à provoquer un effondrement des économies.

samedi, 8 août 2009

On incite les traders à prendre des risques

Marianne
interview par Alexandra Combe

08 Août 2009

http://http://www.marianne2.fr/On-incite-les-traders-a-prendre-des-risques_a181735.html?com#comm...




Les bonus de la BNP polarisent l'attention. Et les réactions fusent. Alexandra Combe en a cueilli quelques unes au passage.

 Voici celle de Colette Neuville, présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (ADAM). Pour elle le problème du capitalisme se pose au niveau mondial. Les interventions du gouvernement ne servent à rien. La prochaine échéance, c'est le G20.


extrait : "Faut-il une intervention du gouvernement pour mettre fin à ce genre de pratiques de la part des banques ?
Ce ne serait pas efficace. Le problème se pose au niveau mondial et ne peut trouver de solution que dans une régulation mondiale adaptée. C’est de la compétence du prochain G20. "


18. Posté par Michel Castel le 08/08/2009

Je partage complètement l'analyse de Colette Neuville.

Plus que les bonus en soi, ce sont les activités de marchés qui, par le développement considérable des prises de position pour compte propre par les banques notamment, multiplient par10, voire davantage (avec les produits dérivés), les transactions entre financiers réalisées à partir d' un seul financement initial. Elles permettent de réaliser des marges ou des plus-values instantanées aussi colossales... alors que cela optimise très peu le financement des économies et la gestion des risques. Elles permettent des rentabilités (et des bonus au passage) beaucoup plus élevées que celles réalisées par la banque classique qui collecte des dépôts et accorde des crédits.

il serait indispensable que le G.2O énonce le principe de réduire progressivement l'importance des opérations pour compte propre. Utiles pour équilibrer les positions des agents économiques acheteurs et vendeurs de risques, ces opérations pour compte propre devraient toutefois être plafonnées par rapport au niveau des fonds propres et ce indépendamment du respect des ratios prudentiels existants.Plus que la titrisation souvent accusée d'avoir déclenché la crise, c'est le compte propre qui en a été l'amplificateur et qui demeure le principal risque pour la robustesse du système financier et le principal frein pour un meilleur équilibre entre le marché des capitaux et le crédit..


53. Posté par Michel Castel le 10/08/2009



suite aux commentaires 51 et 52 :

Vous préconisez comme plusieurs économistes un retour au Glass Steagle act (loi qui a séparé banques commerciales des banques d'investissement -c'est à dire banque de marché en 1933)

.J e n'y crois pas pour deux raisons :

 1- depuis 15 ans les banques commerciales classiques -même les mutualistes- ont énormément développé les activités de marché et
2- depuis la crise presque toutes les banques d'investissement sont passées sous le contrôle des banques commerciales. Le ver est donc bien dans le fruit !!

Aussi je propose que le G.20 prenne une position de principe pour limiter progressivement le poids du compte propre.
Certes cela ne suffira pas à stopper la spéculation, mais le compte propre (cf 18) est devenu considérable dans la stratégie et les résultats mirifiques des BFI (banques de financement et d'investissement) des grandes banques - sauf en cas de crise bien entendu... mais là les Etats sont là pour renflouer ...

Il faudrait aussi limiter le volume de ce qui peut être titrisé (crédits rendus négociables) : en la matière il s'agirait de ne permettre la titrisation que des dernières années d'un crédit (3 à 5ans) pour responsabiliser fortement le prêteur (les 5% prévus sont de la rigolade) et ne mettre ainsi sur le marché que des produits à des horizons gérables par les marchés.

Ainsi limiter très fortement le compte propre ne supprimera pas les risques de marché c'est vrai ni de tarir les bonus. Mais ces risques et bonus me gênent beaucoup moins, ils sont la contrepartie utile voire nécessaire de risques générés par des opérations réalisées avec des clients finaux (entreprises, ménages, états, collectivités locales).

C'est bien le rôle en effet des professionnels du risque que d'apporter leur puissance financière et leur expertise pour gérer les risques de défaillance des emprunteurs, le risque de taux et/ou de change, pour lesquels les agents non financiers sont généralement démunis.










mercredi, 30 avril 2008

Prévenir les crises financières : ou comment redéfinir la place des marchés financiers et des banques et quelques règles du jeu.


article publié dans la Revue Europolis – avril 2008 

http://www.europolis-online.org/index.php?id=24



Abstract


In joining the US financial model for about 15 years,western countries have deeply changed their own financial system.
From overwhelming credit domination they have chosen the preeminence of marketable products, either directly or indirectly by securitization. By financial innovations, deregulation, new investors and,last but not least,the run for higher return than the low interest rate made possible for the last decade, the basic securitization of credits was rapidly abandoned for complex one and credit derivatives.

With the tremendous present crisis, which can be considered as the first securitization crisis, we have seriously to reconsider our conception of intermediation role in financing the economies in the one hand, and markets
circuits in the other. So do we for the action of supervisors and central bankers to try to reduce, as soon as possible, the appearance of such a dangerous global crisis.


Pragmatically, this article proposes some delimitation for the securitization field in view of limitation too much volatility and false liquidity  in marketable products. It also pleads for reduction in prudential bias always remaining in Basle 2 for securitization and trading portfolios. Finally, it asks to central bankers to  develop a new policy in refinancing banking system by taking in consideration the major changes occurred in money central needs on a
bilateral basis and no more on a global one.It is the indispensable counterpart of their role as lenders of last resort.  

vendredi, 1 février 2008

Rudes leçons de la crise financière

"Rudes leçons de la crise financière "

"Il est indispensable de renforcer et d'adapter les mécanismes de régulation financière."

Propositions par Michel CASTEL et Dominique PLIHON, économistes,

publié dans " Le Monde"  du 1er février 2008

(synthèse d'un article de 13 pages intitulé :" Propositions pour une prévention renforcée des risques systémiques" paru dans le Rapport moral sur l'argent dans le monde -2008-" )

 La crise des subprime, doublée du scandale de la Société Générale, a acculé les banques centrales et les autorités bancaires à intervenir en urgence pour éviter le pire. C’est ainsi que 500 milliards d’euros ont été injectés par la BCE sur le marché interbancaire et que la Fed américaine a décidé une forte baisse de son taux directeur de 0.75 % le lundi noir. Au-delà de ces mesures d’urgence, il est nécessaire de s’interroger sur les réformes à mettre en œuvre pour tenter de prévenir de nouvelles crises à l’avenir. L’objectif principal de toute réforme doit être d’assurer la robustesse des banques qui sont le socle des systèmes financiers et du développement économique. La crise actuelle est inquiétante parce que nos systèmes bancaires sont fragilisés par les excès de finance internationale. L’expérience récente montre en effet que les crises financières sont d’autant plus graves que les banques sont affaiblies car les répercussions sur l’activité et l’investissement sont inévitables.

Nous proposons trois axes de renforcement des politiques de maîtrise des risques par les autorités

Il faut, en premier lieu, élargir le périmètre des entités soumises à la réglementation bancaire et prudentielle à l’ensemble des acteurs qui font du crédit, bancaires et non bancaires. Les deux crises les plus importantes de période récente ont été déclenchées par des sociétés distribuant des crédits sans être soumises à la réglementation bancaire dans leurs pays. La première a eu lieu au Japon, qui a connu une crise économique profonde tout au long des années 1990 déclenchée par des établissements non supervisés finançant le secteur agricole. La deuxième crise a eu lieu l’été dernier avec les crédits subprime essentiellement distribués par des « finance companies » non régulées à des ménages à risques. Pour colmater cette brèche actuelle dans le système de contrôle, notre proposition est que tous les établissements distribuant du crédit soit assujettis à la réglementation bancaire dès lors que leurs concours dépassent leurs fonds propres de plusieurs milliards d’euros (par exemple 5 milliards).

Le deuxième axe de réforme est de renforcer la réglementation prudentielle en matière de risques de liquidité et de marché, en particulier les risques de pertes des banques liées aux variations des prix des actifs échangés sur les marchés financiers. La récente réforme dite « Bâle 2 » du contrôle prudentiel, qui est rentrée en application en 2008, est inadaptée. Elaborée dans les années 1990, elle n’a pas pris en compte les nouveaux produits de marché (par exemple les produits structurés) qui sont devenus plus complexes et plus risqués. En effet, la caractéristique majeure de la révolution financière des dernières années est la désintermédiation et la marchéisation des financements et des risques. Pour économiser leurs fonds propres, les banques transfèrent massivement leurs risques aux marchés en utilisant les innovations financières récentes, en particulier les dérivés de crédit (marchés à terme et d’options) et la titrisation. Cette dernière technique, largement utilisée par les établissements immobliers américains, consiste à transformer en titres des crédits pour les revendre sur le marché. Ces pratiques posent deux problèmes. D’une part, un problème d’aléa moral : sachant qu’elles vont pouvoir se débarrasser de leurs risques en les « externalisant » sur les marchés, les banques ne sont plus incitées à une rigueur maximum dans la gestion de leurs risques. D’autre part, les investisseurs qui reprennent les risques cédés par les banques font l’objet d’une supervision bien moindre que ces dernières. Il y a là un facteur d’aggravation du risque global du système financier, souvent appelé « risque systémique ». Notre proposition consiste à supprimer ce biais actuel favorable à la désintermédiation en intégrant des facteurs de risques mal pris en compte par les règles de Bâle 2. Ainsi toute ligne de liquidité d’un programme de titrisation, même de courte durée, devrait être intégrée dans le calcul des fonds propres. Par cet enrichissement du « pilier 1 » de la réglementation prudentielle qui concerne les exigences minimales de fonds propres, il y aurait intégration des risques de marché et de liquidité dont la crise subprime a montré que c’étaient là les risques majeurs de la finance désintermédiée. Le durcissement de la réglementation prudentielle dont il vient d’être question ne suffirait pas à sécuriser la robustesse du système financier.

Nous pensons qu’il faut également qu’il faut redéfinir les conditions de refinancement des banques centrales. C’est là notre troisième proposition. Les banques centrales décident du montant des liquidités à allouer par des appels d’offre d’une manière globale sur l’ensemble du système bancaire de leur zone. Ce faisant, elles ne font preuve d’aucune sélectivité et peuvent être amenées à accompagner des dérapages économiques et financiers dans l’immobilier, l’achat à crédit de titres, des spéculations sur devises, des financements à levier excessif d’investisseurs peu réglementés (hedge funds). Nous proposons deux pistes pour corriger ce risque. La première est de passer d’une enveloppe globale de refinancement au prix du taux directeur à des enveloppes individuelles par groupe bancaire. Les dépassements étant assurés par des taux beaucoup plus élevés. Une telle approche implique une coopération entre banques centrales face à des groupes bancaires susceptibles d’obtenir de la liquidité auprès de plusieurs d’entre elles. Notre deuxième piste est que les banques centrales recourent à une utilisation plus active des réserves obligatoires. Elle consisterait à élargir l’assiette des réserves obligatoires aux crédits (en portefeuille ou titrisés) pour couvrir toute la production dont le rythme apparaîtrait comme trop rapide à la banque centrale concernée. Ces deux mesures devraient amener les groupes bancaires à une gestion beaucoup plus prudente de leurs financements.

L’ensemble des mesures qui sont proposées dans cet article nous apparaissent à la fois réalisables et suffisamment fortes pour mieux prévenir les excès futurs de la finance. L’expérience montre hélas que les crises sont vite oubliées. Pourtant l’urgence de réformes est criante aujourd’hui !

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